Critique de livre : « The Unsettled », par Ayana Mathis

Critique de livre : « The Unsettled », par Ayana Mathis


En tant que romancier et étudiant en histoire, je m’intéresse à la question de savoir si les romanciers noirs doivent reconnaître l’histoire dans leur travail, ou s’il est possible, au nom de la liberté artistique, de véritablement la mettre de côté. Pour ma part, je soutiens que l’histoire des Noirs planera toujours sur la littérature américaine, que l’auteur le veuille ou non. Comme l’écrivait Toni Morrison en 1992, la population noire américaine « a précédé tous les écrivains américains de renom et était, j’en suis venu à le croire, l’une des forces d’influence les plus furtivement radicales sur la littérature du pays ».

Le deuxième roman explicitement historique d’Ayana Mathis, « The Unsettled » – apparaissant près de 11 ans après ses débuts acclamés, « Les douze tribus de Hattie » – plaide avec force sur le fait que le passé ne pourra jamais vraiment être secoué. Mathis suit trois personnages centraux à travers le temps et la géographie : Ava, émotionnellement délicate, une jeune mère essayant de créer un sentiment d’appartenance pour elle et son fils dans le Philadelphie des années 1980 ; sa mère merveilleusement profane, Dutchess, qui vit toujours dans la petite ville natale entièrement noire d’Ava en Alabama ; et le fils précoce d’Ava, Toussaint, qui est sans doute le protagoniste du livre. Il commence le roman par un court prologue dans lequel il a 13 ans, s’est enfui d’une famille d’accueil et se dirige vers Bonaparte, en Alabama, pour retrouver Dutchess. Ava est maintenant en prison.

Le roman présente ces mystères : Pourquoi Ava est-elle en prison ? Où est le père de Toussaint ? Pourquoi le garçon court-il vers l’Alabama au lieu de s’en éloigner, comme tant de Noirs l’ont fait depuis la Grande Migration ? — avant de revenir quelques années en arrière, en 1985, lorsqu’Ava entraîne Toussaint, 10 ans, dans un refuge pour sans-abri à Philadelphie. La mère et le fils ont été expulsés de la maison qu’ils partageaient avec Abemi, le mari violent d’Ava et beau-père de Toussaint, dans le New Jersey. Qu’est-ce qui les a amenés à ce point ?

Mathis restitue le séjour d’Ava et Toussaint au refuge avec des détails poignants et déchirants. Les membres du personnel sont au mieux froids et insensibles, au pire exploiteurs sexuels. Bien qu’Ava fasse de son mieux, elle perd de plus en plus le lien avec la réalité, se remémorant son passé avec le père de Toussaint, Cass, dans une série de souvenirs désorientants et fragmentés. Ces épisodes, ainsi que le traumatisme résiduel des abus d’Abemi, l’empêchent de nourrir Toussaint, qui est livré à lui-même, essentiellement adulte. Sa négligence maternelle met à l’épreuve la sympathie du lecteur alors qu’elle laisse son enfant se préparer pour l’école, oublie de l’emmener à la cafétéria du refuge pour ses repas, ne le recherche pas lorsqu’il disparaît pendant des heures.

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