Critique de livre : « Baumgartner », de Paul Auster

Critique de livre : « Baumgartner », de Paul Auster

Ces premières pages présentent de magnifiques passages sur sa femme. Elle a écrit un petit morceau surprenant sur son premier amour. Et plus tard, une sur la façon dont elle et Sy se sont rencontrés et ont finalement décidé de se marier. Les pièces se lisent comme des capsules temporelles pour des moments culturels comme le New York des années 1970 ou l’angoisse de la conscription au Vietnam, et elles font partie des sections les plus mémorables et les plus touchantes du roman.

Sy envisage un nouvel amour. Il s’avère moins vieux et moins fragile qu’il ne le paraissait et tente un deuxième printemps. Mais comme en toute chose :

Il se rend compte que l’après-midi avance un peu plus rapidement qu’il ne l’avait pensé, que le moment viendra bientôt où le soleil se couchera dans un angle encore plus aigu et que le monde sur lequel il brille sera baigné d’une beauté spectrale de lueur, respirer des choses qui s’atténueront lentement et disparaîtront dans l’obscurité à la tombée de la nuit.

Avec cela, le roman commence à perdre un peu de son urgence. Appelons cela une accalmie entre les chapitres pour Sy, bien que son dernier chapitre ne soit pas clair. Le roman ne nous dit pas où il va, se contentant plutôt de l’irrésolution et de l’ambiguïté. Pourtant, Auster nous laisse avec deux métaphores finales sur la situation de Sy.

Le premier réitère que le chagrin est un conflit intérieur qui anéantit votre esprit, votre cœur, ne laissant derrière lui que les loups de la mémoire, à la recherche de moyens de rester en vie. Le second se présente sous la forme de ce qui pourrait bien être le dernier livre de Sy, une expérience de pensée qui utilise l’automobile comme proxy de la « vie humaine individuelle et collective » : la mécanique, les pannes, l’anarchie et la fin de l’autodétermination. Le projet est moins farfelu qu’il n’y paraît, et il montre à quel point Sy essaie frénétiquement de trouver un but et un but dans ce qui pourrait être le crépuscule de son temps en tant qu’homme de lettres et arbitre de la façon dont nous sommes censés donner un sens au monde. monde.

Il existe de nombreux livres sur le deuil, et il est difficile de dire quel genre de conversation « Baumgartner » a avec eux – chaque chagrin est le sien. Pourtant, l’expérience de Sy me fait penser à CS Lewis, qui, à 61 ans, a perdu sa femme à cause d’un cancer et qui a écrit sur sa perte dans « A Grief Observed ». C’était avant qu’Elisabeth Kübler-Ross ne codifie le deuil en un célèbre modèle en cinq étapes qui fait depuis lors l’objet de débats. Ce n’était qu’un humain qui avançait à tâtons, sans carte. Comme le dit Lewis : « Le deuil est comme une longue vallée, une vallée sinueuse où n’importe quel détour peut révéler un paysage totalement nouveau. » « Baumgartner », pour ses méandres calmes et réfléchis, se lit de la même manière.

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