Critique de livre : « Longstreet », d'Elizabeth R. Varon

Critique de livre : « Longstreet », d’Elizabeth R. Varon

Longstreet et sa famille sont retournés en Géorgie et, en tant que républicain loyal, il a été collecteur adjoint des recettes internes, puis maître de poste. Le président Rutherford B. Hayes le nomma ministre en Turquie en 1880, ce qui, même s’il ne s’agissait pas d’un poste prestigieux, donna à Longstreet l’occasion d’améliorer les relations diplomatiques. Cela, note Varon, faisait également partie de la conversion politique de Longstreet : pour lui, les républicains pouvaient améliorer le commerce intérieur et international en élargissant les marchés, ce qui finirait par aider le Sud assiégé.

Comme on pouvait s’y attendre, la nomination a été controversée et Longstreet a été caricaturé comme l’outil inadapté des républicains, qui ont été réprimandés pour avoir récompensé un traître. Pourtant, il s’est comporté du mieux qu’il a pu, étant donné que le gouvernement américain, comme l’explique Varon, n’avait aucune réelle influence sur l’Empire ottoman.

Bientôt rappelé chez lui en 1881 lorsque le président James A. Garfield le nomma maréchal américain en Géorgie, Longstreet tenta de renforcer le Parti républicain local face à la violence des justiciers et aux querelles internes. Et même si de nombreux républicains noirs se méfiaient de Longstreet, ils respectaient sa volonté de se battre pour le droit de vote des Noirs et de nouer des alliances interraciales. Sous l’administration McKinley, avec l’aide de plusieurs républicains noirs de Géorgie, Longstreet a été nommé commissaire des chemins de fer américains. Mais à présent, les vétérans de la guerre civile, fédéraux et confédérés, étaient « entraînés », écrit Varon, « dans le culte naissant de la réunion des sections ». Le but de cette réunion, laisse-t-elle entendre, était de dissimuler la véritable cause de la guerre – l’esclavage et son héritage pernicieux – afin que les deux parties « puissent partager la hauteur morale de la mémoire américaine ».

Bien que Longstreet ait continué à réfuter le mythe de la cause perdue dans des articles et des interviews, il a abandonné la Reconstruction. Une fois de plus, note Varon, Longstreet a réussi un « exercice d’équilibre politique ». Dans les années 1890, il condamnait largement la violence des suprémacistes blancs, mais il comparait le lynchage, qu’il jugeait déplorable, aux grèves ouvrières et aux troubles qui ont eu lieu dans le Nord – un écho de la comparaison avancée par les partisans de l’esclavage avant la guerre pour justifier cette situation particulière. institution. Dans ce nouvel esprit équivoque de courtoisie et de négligence, le Nord et le Sud, radicaux et conservateurs, pourraient ainsi se donner la main, vraisemblablement pour enterrer le passé sanglant et ignorer le présent.

Même si Varon crée avec brio le contexte plus large de la carrière de Longstreet, elle penche, hélas, beaucoup plus vers l’historiographie que vers la biographie. Citant abondamment la presse du XIXe siècle et les historiens modernes, Varon affirme que les biographes récents de Longstreet le décrivent comme politiquement incompétent et ignorent la complexité d’un homme courageux dont « l’héritage même se révélerait être un champ de bataille en soi ».

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