Critique de livre : « L’enfant et la rivière », d’Henri Bosco
Naturellement, il se rend rapidement à la rivière, trouve un petit bateau amarré, s’assied dedans et perd « tout sens du temps, du lieu et même de soi – je ne pouvais plus dire ce qui bougeait, mon bateau ou la rivière. Est-ce que le fleuve fuyait, ou est-ce moi qui, miraculeusement, sans rames, remontais le courant ?
Le bateau l’emmène sur une île où il rencontre un autre garçon qui a été kidnappé, comme l’ont dit les parents de Pascalet ! Un sauvetage s’ensuit et les deux descendent la rivière, moitié jouant, moitié en fuite.
Ce qui manque à l’histoire en tension dramatique — puisque tout est, en un sens, prédestiné et jalonné d’indices dans les courts passages — elle y gagne en légèreté. Après avoir échappé au danger, les garçons ont besoin de plus de danger et se débrouillent à partir de quelques marques de griffes de loutre, de bruissements dans les sous-bois et d’une étrange forme d’âne aperçue au loin. « Rien, en fait, n’était plus simple. La bête était un Racal, et même un énorme Racal, de la taille d’un âne – et donc un Racal dangereux ; qui plus est, un Racal errant, un solitaire, un de ces Racal sensibles irrités par la moindre chose, qui vous chargent d’un saut formidable, le saut infâme du Racal, surpassant celui du tigre.
Ajoutant aux merveilles des deux livres est la traduction, par Joyce Zonana. Les différents tons et tempos de l’écriture lyrique française – avec une plus grande dépendance d’une langue romane aux effets sonores et aux mots latins multisyllabiques – sont particulièrement difficiles à transmettre en anglais sans glisser dans des phrases qui frappent souvent une oreille contemporaine comme une écriture prétentieuse. Zonana, cependant, conserve les qualités conversationnelles et diaristiques de la prose de Bosco ainsi que l’intensité de ses remarques, marquant clairement les changements subtils lorsque le monde extérieur de la nature devient le monde intérieur de l’imagination.
Ceci, suggère Bosco, est le monde tel qu’il devrait être – une collaboration étroite entre notre imagination et l’environnement dans lequel nous naviguons, où nous surmontons les terreurs et les traumatismes en en faisant nos propres jouets et en les déposant plus tard, transformant le langage des rêves en un rêve de langage qui coule, comme des fleuves.