Critique de livre : « La Prémonition », de Banana Yoshimoto
Les familles heureuses se ressemblent toutes : elles savent garder les secrets. Yayoi, le protagoniste de 19 ans de « La Prémonition » de Banana Yoshimoto, vit au sein d’une famille très heureuse. Papa est médecin, maman est infirmière et ensemble, ils ont élevé deux enfants : Yayoi et son frère, Tetsuo, qui n’a qu’un an de moins.
Parmi les quatre, il existe une acceptation facile de la vie domestique, le genre de facilité que les relations biologiques promettent toujours mais ne procurent presque jamais. « Maman s’affairait joyeusement dans la maison », « Papa nous a protégés avec un cœur fort et plein de dévotion », et Tetsuo est un enfant « spécial », « né avec une belle âme ». Et pourtant Yayoi, si charmée par les plaisirs domestiques de la vie familiale, qui semble toujours avancer avec diligence et délicieuse, est frappée par une absence béante dans son passé : elle n’a aucun souvenir d’enfance.
Mais ensuite, par une journée douce et ordinaire, lorsqu’une légère averse de pluie est improbablement éclairée par le soleil de midi, elle a une vision. Sa mère travaille dans le jardin, son père se promène, Tetsuo construit une maison pour leur chiot qui va bientôt arriver et Yayoi, se faufilant à travers eux tous, commence à ressentir les impressions d’une autre vie. Les images apparaissent en succession rapide : une main fine, arrangeant des fleurs ; un couple marchant lentement ; une petite fille à queue de cochon, avertissant d’un typhon. Yayoi reconnaît immédiatement la petite fille : c’est sa sœur. Quelle sœur ? Yayoi n’en est pas sûre, mais elle estime que la vision est vraie. « J’ai de la famille, une famille de sang, quelque part », pense-t-elle avec incrédulité, « pas ici ».
Comme le titre le suggère, l’intrigue du roman s’épaissit autour de cette « prémonition » et d’autres « prémonitions », qui ressemblent en réalité davantage à des hantises : Yayoi est rarement visitée par la connaissance de quelque chose qui va se produire dans le futur, seulement soudainement capable de glaner ce qui s’est passé en elle. passé.