Critique de livre : « La génération anxieuse » de Jonathan Haidt
Au lieu de cela, nous discutons des risques, sans parvenir à maintenir nos enfants en sécurité dans une réalité non numérique. Le résultat ne peut plus être ignoré : des malformations du cerveau et du cœur – anxiété, dépression, tendances suicidaires – affligent notre jeunesse.
Haidt, psychologue social, a pour mission de corriger cet échec collectif. Sa première étape consiste à nous convaincre que les jeunes subissent un « raz-de-marée » de souffrance. En un seul chapitre et à l’aide d’une douzaine de graphiques soigneusement sélectionnés, il décrit l’augmentation des maladies mentales et de la détresse à partir de 2012 environ. Les jeunes adolescentes sont les plus durement touchées, mais les garçons souffrent également, tout comme les adolescents plus âgés.
Le moment choisi pour cela est crucial car il coïncide avec l’essor de ce qu’il appelle l’enfance basée sur le téléphone. De la fin des années 2000 au début des années 2010, les smartphones, dotés d’applications de réseaux sociaux et alimentés par l’Internet haut débit, sont devenus omniprésents. Leur appel de sirène, addictif par conception et perpétuellement distrayant, entraîne rapidement les enfants vers des mondes hors de notre contrôle.
Ce n'était pas seulement les téléphones. Un deuxième phénomène coïncide avec l’essor des machines : le déclin de l’enfance ludique. Ce changement a commencé dans les années 1980, lorsque la peur des enlèvements et du danger étranger a poussé les parents à adopter une parentalité excessive basée sur la peur. Cela a décimé les temps de jeu non supervisés et autodirigés des enfants et restreint leur liberté de mouvement.
Alors que les parents et les enfants étaient bloqués en « mode Défense », les enfants étaient à leur tour bloqués du mode découverte, où ils font face à des défis, prennent des risques et explorent les éléments constitutifs de l'anti-fragilité ou de la capacité de devenir plus forts face à l'adversité. Par rapport à la génération précédente, nos enfants passent plus de temps sur leur téléphone et moins sur le sexe, la drogue et le rock n' roll. Même si la réduction des visites à l’hôpital et des grossesses chez les adolescentes constitue une victoire évidente, une moindre prise de risque pourrait nuire à l’indépendance.