Critique de livre : « Comment nous avons nommé les étoiles », d’Andrés N. Ordorica
Le premier roman d’Andrés N. Ordorica, « Comment nous avons nommé les étoiles », commence par une déclaration écrasante : « Sam est mort ». C’est une ouverture qui colore tout à venir, introduisant une perte qui se répercutera à chaque page de ce livre méditatif et tendre.
Le roman suit Daniel de La Luna, un étudiant mexicain américain dans un collège fictif à Ithaca, New York, alors qu’il raconte les événements de sa première année à l’école. Lorsque nous rencontrons Daniel, il est calme, ringard et enclin au doute. Son colocataire de première année, Sam, est presque son opposé : sportif, confiant, riche et populaire. En surface, il ressemble au genre de garçon qui aurait tourmenté Daniel au lycée, mais Sam est différent, se rend compte Daniel. À partir du moment où ils se rencontrent, Sam est tout simplement chaleureux et Daniel ne peut s’empêcher de développer un béguin pour lui.
Naviguer dans cette nouvelle connexion est difficile et déroutant pour Daniel. Il n’arrive pas à cerner la sexualité de Sam, et si Sam est attiré par les hommes, est-il attiré par Daniel ? Daniel fait des hypothèses sur l’hétéronormativité de Sam en se basant sur l’intérêt de son colocataire pour le sport et les fraternités, mais Daniel remarque également qu’il existe une intimité entre lui et Sam, évidente dans des moments passagers mais précieux, comme lorsque Sam entraîne Daniel pour danser lors d’une fête bondée.
Dans la première moitié du roman, Daniel sent la frontière entre amitié et romance s’estomper, mais cela soulève de nouvelles questions : que sont Sam et Daniel l’un pour l’autre ? Que faudra-t-il pour que leur lien dure ? Sont-ils prêts à relever les défis nécessaires à sa croissance ?
Puis l’année scolaire se termine et au cours de l’été, Daniel prévoit de rendre visite à son grand-père, qui est retourné dans la maison ancestrale de sa famille à Chihuahua, au Mexique. En chemin, il reçoit un email qui perturbe sa relation avec Sam et le bouleverse. Cela ouvre la voie à une nouvelle période de recherche existentielle alors qu’il se retrouve pris dans une romance concurrente, en apprend davantage sur l’histoire de sa famille et en apprend davantage sur un oncle décédé tragiquement avant la naissance de Daniel.
À la base, « Comment nous avons nommé les étoiles » est une histoire touchante sur une romance queer transformatrice. La relation de Daniel avec Sam le guide dans sa réflexion sur son identité, sa sexualité, son jeune amour et sa perte. Ordorica construit le monde du roman avec un soin constant, mêlant la beauté de l’amour à la beauté du monde naturel. « Vous étiez là, regardant vers moi, dos au lac », se souvient Daniel. « Et pendant un instant, tes yeux bleus, le ciel et l’eau se sont tous fondus dans un tourbillon de mon désir. » L’utilisation par Ordorica de la nature comme métaphore tout au long de l’histoire imprègne le roman d’un sentiment palpable d’affection et de profondeur.
La métaphore de la nature n’est pas le seul symbolisme du livre. Les chapitres commencent par un texte en italique signé par un mystérieux « DM ». Chaque extrait fait allusion à la propre bizarrerie de DM, et les lecteurs se rendent compte qu’il s’agit d’entrées de journal du défunt oncle de Daniel, qui a également rencontré des difficultés lorsqu’il s’est débattu avec sa sexualité. Au début, le récit de DM flotte au-dessus de l’histoire, apparaissant comme des épigraphes qui agissent comme des miroirs thématiques des épisodes de la vie de Daniel. Mais plus tard dans le roman, alors que Daniel en apprend davantage auprès de son grand-père sur la vie et la mort de son oncle, l’histoire de DM recoupe directement le voyage de Daniel. En associant ces deux vies, Ordorica présente un argument puissant sur la relation entre héritage et découverte de soi.
Bien que « Comment nous avons nommé les étoiles » aborde des sujets lourds, dont la mort, l’histoire n’est pas une tragédie. Même dans les moments de conflit, le ressentiment est absent. Le conflit est toujours associé au pardon. Plutôt que de s’abandonner aux difficultés, le roman d’Ordorica se réjouit de la promesse éternelle de l’amour. Parce que pour Daniel et Sam, cet amour est bon, honnête et infini.