Critique de livre : « Bartleby et moi : Réflexions d'un vieux Scrivener », par Gay Talese

Critique de livre : « Bartleby et moi : Réflexions d’un vieux Scrivener », par Gay Talese

Quelques outils et astuces du métier talésien sont révélés, parmi lesquels les carrés de carton 7 x 3, récupérés de ses chemises lavées, qu’il utilise pour prendre des notes, parfois dans l’intimité d’une salle de bain. (L’habitude de Talese de négliger d’utiliser un magnétophone, ainsi que ses intérêts particuliers que l’on pourrait qualifier de lascifs – les salons de massage et le voyeurisme dans les motels – ont conduit certains organismes de surveillance du journalisme à aboyer.) Un autre tic, plus convaincant : sa méthode familière de relier des éléments disparates. individus dans une sorte de passage de relais de chapitre en chapitre.

La première partie porte sur le mandat de Talese au New York Times, où un journaliste plus expérimenté lui a un jour conseillé : « Jeune homme, n’interviewez jamais personne par téléphone si vous pouvez l’aider. » (Comparé aux e-mails, aux SMS et à Gchat, bien sûr, le téléphone semble désormais être une relique sacrée.)

Célèbre pour son livre épique sur ce journal et ses dirigeants, « Le Royaume et le pouvoir » (1969), un texte d’études sur les médias, Talese se penche ici sur ses sous-fifres et ses sous-estimés : les opérateurs de linotype et les imprimeurs, un nombre important d’imprimeurs. ces « sourds-muets », qui allaient prendre un verre au Gough’s Chop House avec des chapeaux à quatre coins effectivement tachés d’encre ; et les rédacteurs, ces « individus privés, pensifs et réfléchis ».

Il se concentre sur l’un d’entre eux, Alden Whitman, devenu rédacteur nécrologique en chef (il se faisait appeler le « joyeux rameur du Styx »), que Talese a également présenté pour Esquire, avec un accès considérablement plus large que celui donné par Sinatra. La pièce a permis à Whitman de s’asseoir à côté de Johnny Carson dans « The Tonight Show ». C’étaient des époques différentes.

Talese a déjà essayé, et à bien des égards a échoué, un mémoire simple, à savoir le randonneur de 2006 « A Writer’s Life ». « Bartleby and Me » est plutôt un ambleur, dans lequel il semble mettre le doigt sur la forme en filigranant quelques-uns de ses succès à toute épreuve, puis en abordant une nouvelle gargouille d’histoire. Il l’a fait à sa manière, et on peut l’imaginer avec le fantôme de Sinatra partageant un numéro de chant et de danse, un couple de marins satisfaits de la ville.


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