Marie NDiaye pose des questions auxquelles elle n'a pas l'intention de répondre

Marie NDiaye pose des questions auxquelles elle n’a pas l’intention de répondre

Pourtant, à mesure que la race est devenue une partie du discours public en France au cours des deux dernières décennies, remettant en question les idéaux daltoniens du pays, la pensée des frères et sœurs a évolué, bien qu’avec des différences subtiles. En 2008, Pap Ndiaye publie « La Condition Noire », un essai sur l’histoire des Noirs et les discriminations en France. NDiaye a écrit une préface pour le livre sous la forme d’une nouvelle sur deux sœurs de races différentes.

Parmi les deux sœurs, le personnage noir, Victoire, est une femme à succès qui évolue « parmi les visages blancs » et « se voit comme eux », a écrit NDiaye, tandis que sa sœur blanche Paula en vient à croire qu’elle est noire. Il s’agit d’une fiction mélancolique et allusive, qui semble refléter les sentiments complexes de NDiaye à l’égard des dynamiques raciales. « J’ai aimé l’idée qu’à l’école, les gens ne vous demandaient pas de vous définir par cela », a-t-elle déclaré à propos de sa jeunesse.

Jusqu’à un voyage de travail l’année dernière, NDiaye n’était allée au Sénégal, le pays d’origine de son père, qu’une seule fois, quand elle avait 19 ans. « Je ne voulais pas y aller sans raison. Pour faire quoi? Être un touriste ? dit-elle. « Et cela n’avait aucun sens pour moi de rencontrer des demi-frères et sœurs qui seraient de toute façon des étrangers. Je ne peux pas vraiment ressentir plus du Sénégal que du Burkina Faso ou de la Côte d’Ivoire.

Dès son enfance, NDiaye savait qu’elle voulait devenir écrivain. Joyce Carol Oates a été l’une des premières inspirations ; Adolescente, elle écrivait des romans en secret sur une lourde machine à écrire qui avait autrefois appartenu à une banque et qui était un cadeau de sa tante. Lorsque son premier livre a été publié par la prestigieuse maison d’édition de Lindon, Les Éditions de Minuit, en 1985, elle n’avait même pas obtenu son diplôme d’études secondaires. (La même année, NDiaye, qui trouvait les analyses académiques sur l’écriture « ennuyeuses », a obtenu l’équivalent d’un C- à son examen final de littérature française.)

NDiaye ne se souvient pas de son âge lors de la parution de son premier roman. « Il y a eu des critiques, mais aujourd’hui, ce serait un autre type d’événement, je pense », a-t-elle déclaré. Elle ne s’inquiétait pas de la réussite du livre. « Je ne connaissais absolument rien à l’édition », a-t-elle déclaré. « Je faisais ce pour quoi je pensais être fait, ce que j’aimais, mais je ne pensais pas vraiment à l’avenir. »

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