Critique de livre : « Le Romantique », de William Boyd

Critique de livre : « Le Romantique », de William Boyd


Les romantiques ont mis du temps à venir. Pendant 10 siècles en Occident, il n’y avait que Dieu, et tout l’art – les bréviaires magnifiquement illuminés, les vastes cathédrales – était autour de lui. Puis, enfin, vers 1300 (chez Dante surtout), le visage humain réapparut dans les arts, l’humain comme plus que serviteur du roi et du Christ. Ce qui suivit ne semble inévitable que rétrospectivement : d’abord, l’humanisme incandescent et revitalisant de la Renaissance, suivi par les avancées scientifiques et rationnelles sans doute encore plus radicales des Lumières.

C’est alors que les romantiques sont arrivés. Ils représentaient une rébellion morale finale contre le pouvoir médiéval monolithique de l’Église et de l’État – ce qui importait réellement, croyaient-ils, était l’esprit individuel que ces institutions avaient subsumé depuis si longtemps, l’autonomie et la passion de l’individu, l’authenticité des émotions subjectives. Comme Goethe, peut-être le plus grand artiste produit par le mouvement, a écrit : « Le sentiment est tout ».

Cashel Greville Ross, le protagoniste du nouveau roman de William Boyd, « The Romantic », est l’un d’entre eux (comme le titre l’indique utilement). C’est une autre des merveilleuses créations « toute la vie » de Boyd, un personnage fictif retracé de la naissance à la mort : Né en 1799, il devient, dans ces pages bien remplies, un soldat, un écrivain, un taulard, un fermier, un explorateur en Afrique, un porteur de Percy Bysshe Shelley, ami de Byron, diplomate en Italie et bien d’autres, parcourant sans cesse le monde à la recherche d’une identité durable.

Boyd transforme ces aventures en un conte captivant. Bien sûr, à mesure que l’étude de l’histoire a dépassé la simplicité des grands récits, il est devenu clair que le romantisme était un ensemble d’idéaux disponibles principalement pour les hommes riches et blancs : une affirmation de la liberté individuelle totale basée précisément sur le manque de liberté d’immenses parties de la société. Boyd, né en Afrique de parents écossais, éduqué (aux côtés du roi Charles) à Gordonstoun, et plus récemment propriétaire d’un vignoble tony en France, semble indifférent à cette énigme dans cette histoire. Pour un lecteur prêt à accepter ce manque de nuance, « The Romantic » est un fil panoramique et transportant.

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