Pourquoi les mémoires de divorce sont-ils toujours bloqués dans les années 1960 ?

Pourquoi les mémoires de divorce sont-ils toujours bloqués dans les années 1960 ?

Jamison a du mal à atteindre cet objectif dans « Splinters ». Elle veut tellement être remarquable. Pour plaisanter sur le PIB russe pendant qu’elle nourrit son enfant à la cuillère, ou pour impressionner les amants arrogants qui critiquent sa conversation comme étant à seulement « 85 % aussi bonne qu’elle pourrait l’être ». En même temps, elle aspire « à expérimenter le genre d’amour qui pourrait libérer toutes les personnes impliquées de leurs roues de hamster de performance personnelle », un amour qui « impliquera tous vos moments fastidieux ».

Ouije me suis retrouvé à dire : Je veux lire sur cet amour. Un amour maternel radical, créatif, affirmatif, même et surtout dans sa difficulté et son ennui. Jamison y arrive presque, mais revient finalement à l'affirmation selon laquelle il est normal de vouloir plus : « des matinées tranquilles devant mon ordinateur portable, tap-tap-tapping sur mon clavier ».

Il est certainement normal et naturel d’en vouloir plus. Mais ce que je trouve le plus exaltant dans ce beau livre, c'est la possibilité qu'il soit également acceptable d'abandonner le désir. C'est normal de ne pas écrire de best-seller, de ne pas détenir un titre prestigieux, de ne pas créer sa propre marque. C'est même bien de ne pas essayer de se retrouver, la plus américaine des quêtes.

Le divorce, bien sûr. Abandonnez les hommes toxiques, lancez-vous seul. Mais il n’y a là rien de nouveau ni de radical. Le radical est dans un féminisme qui considère le care comme un travail profond et puissant et centre plutôt que de marginaliser la maternité, à la fois comme un acte vécu et comme une métaphore. Nous devons abandonner cette notion vieille d’un demi-siècle selon laquelle le soi ne peut être « trouvé » qu’après que les rôles de « mère, épouse, fille » aient été rejetés.

Avec des amis, Jamison raconte des anecdotes animées d'un voyage à Oslo avec sa fille pour prouver que sa vie n'était pas « devenue petite », une phrase que je mettais entre guillemets dans ma tête, même si je ne savais pas qui je citais. » Pourtant, dans cette phrase se cache une autre façon de vivre : laisser les choses devenir petites, dans un monde qui voit et célèbre surtout les superlatifs, et descendre au niveau du local, de l’intime, du granulaire, du foyer.

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