Critique de livre : « Les fées modernes », de Clare Pollard

Critique de livre : « Les fées modernes », de Clare Pollard


Dans son deuxième roman, « Les Fées modernes », l’écrivaine britannique Clare Pollard anime avec brio l’art de raconter des histoires et ses racines dans l’histoire de France. À la fin du XVIIe siècle, sous le règne impitoyable de Louis XIV, un groupe éclectique d’intellectuels parisiens se réunissait fréquemment dans un salon littéraire de la rue Saint-Benoît tenu par une écrivaine divorcée, Madame d’Aulnoy, pour se raconter des contes de fées. Ce rassemblement, composé principalement de femmes nobles et d’une poignée d’hommes, constituait une institution littéraire officieuse qui a donné naissance à un nouveau genre littéraire. Plus d’un siècle plus tard, certaines de ces fables orales – ou « contes de la Mère l’Oie » – ont donné naissance aux classiques des frères Grimm.

En 25 chapitres distincts, cette réinvention astucieusement composée du salon réel se déplace épisodiquement, cinématographiquement, à travers les origines de contes de fées classiques tels que « Le Petit Chaperon rouge », « Cendrillon » et « Barbe bleue ». Comme le galop narratif de « Hamnet » de Maggie O'Farrell, l'utilisation du présent par Pollard apporte une immédiateté et une vélocité à ces histoires françaises vieilles de plusieurs siècles. Elle fournit une nouvelle traduction à la fois centrée sur les femmes et très vivante ; des questions comme la liberté d'expression, le sexisme et le régime autoritaire transparaissent tout au long du roman, le rendant particulièrement actuel.

Le salon de Madame d'Aulnoy peut aussi être lu comme un cousin moderne de l'atelier du MFA, Pollard créant un métarécit à travers des digressions divertissantes sur l'art de raconter des histoires. En interprétant « Le Conte de Peau d'Âne, première partie », à propos d'un roi qui cherche à épouser sa fille, l'écrivain Charles Perrault pense : « Toute narration verbale est une sorte d'improvisation, faite sur le nerf, et son instinct lui dit qu'il doit continuer l'intrigue. » (De l'intrigue ! Encore de l'intrigue !)

Ce qui aurait pu être lu comme un recueil de contes disparates est uni par l'accent singulier de Pollard sur la communauté de conteurs réunis dans la maison de Madame d'Aulnoy. Le glossaire des personnages au début du livre comprend Perrault, l'auteur de « Cendrillon », « Barbe-Bleue » et « Le Chat botté » ; son cousin Télésille, qui invite Perrault dans ce cercle pour se distraire de son chagrin persistant suite à la perte soudaine de sa femme pendant l'accouchement ; Madame Henriette, qui subit des violences physiques de la part de son mari et est plus tard arrêtée pour sa prétendue relation avec la fille de Louis XIV ; et Madame Angélique et Charlotte-Rose, toutes deux ayant des relations sexuelles avec le même homme. Il y a d'autres drames bouillonnants impliquant l'infidélité, l'inceste, l'empoisonnement et plus encore. Il y a beaucoup à suivre parfois, et la forme du conte de fées peut contraindre les chapitres à des fragments courts, parfois elliptiques, ce qui rend plus difficile pour le roman de maintenir son arc plus large.

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