Critique de livre : « Lovely One », de Ketanji Brown Jackson

Critique de livre : « Lovely One », de Ketanji Brown Jackson

Depuis sa prestation de serment, Jackson a été félicitée pour son assurance en tant que membre junior de la minorité libérale ; selon les mots d'un professeur de droit, elle « est venue pour jouer ». Mais vous en apprendrez davantage sur la dynamique avec ses collègues juges en lisant les décisions de la Cour suprême que dans ce livre, dont Samuel A. Alito Jr. et Clarence Thomas sont entièrement absents et dont le reste de la bande n'est mentionné que brièvement.

« Lovely One » est un livre au style formel, mais très personnel. La juge raconte son histoire d’amour digne d’un conte de fées avec Patrick Jackson, un chirurgien brahmane de Boston qu’elle a rencontré alors qu’elle était étudiante, et les défis qu’ils doivent relever pour élever deux filles, dont l’une est atteinte de troubles du spectre autistique, tout en travaillant de longues heures. Elle évoque les indignités de l’allaitement et du pompage du lait, et les siestes volées dans un parking de Safeway. Elle explique comment la méthode Sisterlocks, marque déposée, a facilité sa routine capillaire, et les colliers imposants qui accentuent ses robes, comme les cols de Ruth Bader Ginsburg. Les lecteurs déçus par la récente et sèche entrée de Breyer dans le livre en plein essor de Supreme, « Reading the Constitution », seront ravis de le voir apparaître ici en short cycliste, recommandant des restaurants français.

À l’heure où la Cour est scrutée de près, Jackson accorde plus d’importance à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, mais moins d’importance à la balance de la justice – à quelques exceptions près. L’une d’elles est le cas de son oncle Thomas, « un figurant non violent dans un petit réseau de trafic de drogue », condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle – plus que de nombreux meurtriers – après avoir été arrêté avec 14 kilos de cocaïne en poudre dans sa voiture après quelques délits mineurs. Un ami a pris son cas bénévolement et le président Obama lui a accordé la grâce, mais il est décédé peu après avoir été libéré après 28 ans de prison.

« Là, sans la grâce de Dieu, j'irais », a souvent pensé Jackson à propos de lui et d'autres accusés ; une phrase qui semble souligner sa pensée autant que « l'originalisme progressiste » pour lequel elle a été à la fois louée et attaquée.

Note de bas de page : si l'on retrouve dans ce livre un vestige de l'époque de Jackson au Time, c'est bien une généreuse dose de la tradition de syntaxe inversée du magazine, parodiée par l'humoriste Wolcott Gibbs (« Des phrases à l'envers jusqu'à ce que l'esprit se retourne »). Ou peut-être que des phrases comme « Jamais plus je ne laisserai la peur me faire taire face à une situation difficile » sont la contribution de la collaboratrice de Jackson, Rosemarie Robotham. Quoi qu'il en soit, elles ajoutent un amidon inutile à un récit américain par ailleurs triomphant et gonflé de promesses précoces tenues.

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